Backpacker en Nouvelle Zélande et fan de rugby, Loïs témoigne !

J’ai rencontré Loïs en 2021 par l’intermédiaire des réseaux sociaux : nous avons des amis en commun et un jour l’un d’eux a partagé une vidéo Youtube créée par Loïs d’une randonnée en Nouvelle Zélande. Je me suis abonnée et de fil en aiguille on a commencé à échanger : sur le voyage en NZ bien sur, mais aussi la photo/vidéo, et les réseaux sociaux. C’est par la suite devenu un bon ami, avec qui j’ai notamment partagé parapente et randonnée ! J’admire son côté très passionné (pour le rugby, la vidéo et la rando) et la façon dont son voyage en Nouvelle Zélande lui permet de les développer, j’ai donc naturellement eu envie de vous le présenter !

Bonjour Loïs, peux-tu te présenter ?

Bonjour ! Je m’appelle Lois Perrin, j’ai 32 ans et je suis de Grenoble dans les Alpes. J’ai une licence, et un master d’histoire (guide conférencier) qui m’a amené à bosser pour l’Office du Tourisme de Grenoble, territoire que j’aimais beaucoup. Avant j’étais plus dans les archives et musées puis je me suis orienté vers la présentation du territoire auprès des touristes. J’avais des petites missions autour de la communication, notamment réseaux sociaux (le début haha). J’avais également des missions auprès des stations de ski, j’avais par exemple monté un point de vente de forfait de ski au niveau local. A titre personnel je faisais du rugby, et j’étais déjà intéressé par les activités de montagne et randonnée. Ca fait longtemps que la Nouvelle Zélande m’intéressait.

Quand es-tu parti ? Comment ? Pourquoi cette destination ?

J’ai décollé le 27 novembre 2019 directement pour la Nouvelle Zélande. C’était à un moment de ma vie où je m’ennuyais, je ne voyais pas de perspective de développement dans ma boite. J’ai toujours eu envie de partir à l’étranger mais je m’étais toujours trouvé beaucoup d’excuses. J’ai toujours repoussé, jusqu’au dernier moment des possibilités de visa. Car le PVT en Nouvelle Zélande n’est possible que pour les moins de 30 ans. La combinaison de « pas de perspective » avec « c’est le dernier moment pour le faire » et « l’envie de partir à l’étranger qui a toujours était là »… Ca a donné : « fait le sinon tu vas le regretter ! ».

J’ai choisi la Nouvelle Zélande parce qu’il y avait un esprit aventure, mais je ne connaissais pas bien honnêtement. Je voulais aller le plus loin de la France possible car pas l’envie de voir des français partout (ok un peu raté). Je voulais pouvoir parler anglais, et le coté rugby en Nouvelle Zélande me faisait aussi un peu rêver. (Clin d’œil à Carla : il a vu Dan Carter !)

Carla, Au Pair en Nouvelle Zélande

Comment s’est passé pour toi ce départ ? Etait-ce facile de partir ?

Non ce n’était pas facile j’avais des attaches, j’avais une copine, ma famille, mon équipe de rugby, mais je me disais « si tu ne le fais pas tu vas le regretter ». Je ne me voyais pas me lancer dans autre chose que ce projet-là. C’était plus fort que tout. C’était à faire, sinon j’allais regretter, manquer quelque chose, j’étais un peu bloqué sur cette idée de partir en Nouvelle Zélande.

Comment s’est passée ton arrivée ? Qu’as-tu fais ensuite ?

Je suis arrivé à Auckland, où j’ai acheté un van. Puis je suis parti dans le Northland, j’ai retrouvé Alex, un pote de Grenoble, on a bossé tous les deux à Maugatapere berries sur les framboises pendant 1 mois et demi. A l’époque j’avais une copine, elle est venue me voir en Nouvelle Zélande, on a fait 1 mois et demi de roadtrip sur l’Ile du Nord et du Sud (c’est très, trop, court). A ce moment-là j’ai expérimenté la différence entre être touriste et backpacker. Le touriste veut tout voir en 1 mois, le backpacker lui il a le temps ! Ce n’était pas évident, on n’était pas toujours d’accord. En mars 2020, quand la crise covid a commencé, on était au Taranaki, je devais faire le sommet, les conditions étaient parfaites ! Mais dans la nuit elle a reçu une annulation de vol, on a alors foncé à Auckland pour essayer de régler ça. Ca n’a rien changé mais elle a pu prendre un autre vol.

Une randonnée facile et magique : une nuit avec le Taranaki

Moi j’étais en fin de roadtrip donc budget plutôt bas, je ne savais pas trop quoi faire. Alex m’a dit qu’il avait de la place dans son logement, alors je suis remonté dans le Northland et du coup on a travaillé dans les kiwis pendant le tout premier confinement. A la fin de celui-ci, un des managers de l’équipe, qui était maori, ma dit « ça te dirait de jouer au rugby ? ». En Nouvelle Zélande ? Evidemment ! Mais moi je pensais à un petit match entre ami ! Je me suis pointé : c’était l’entrainement de l’équipe locale de Mangakahia. Trop marrant j’avais ramené mon équipement complet, un peu flashy. Eux ils étaient en bottes ou pieds nus, ils n’en avaient rien à faire, trop contents qu’ils étaient de pouvoir revenir jouer après des semaines à être confinés.

As-tu continué à jouer au rugby en Nouvelle Zélande après ça ?

J’ai adoré l’ambiance donc j’ai fait toute la saison. La meilleure façon du monde pour rencontrer les locaux ! Car tu es invité dans tous les événements du coin, ils te voient comme un ami. En France dans le rugby je trouve qu’il y a une agressivité parfois un peu malsaine, ici ils sont plus concentrés sur le jeu, tu prends rarement de mauvais coups. J’ai vraiment de bons souvenirs, je me souviens des retours en bus à boire de la bière dans une botte, leur bizutage. Avec Alex, qui venait me soutenir, on leur apprenait les chansons paillardes françaises ! De très très beaux moments. Ça s’est terminé en fin de saison, j’ai offert mon maillot (de mon équipe à Grenoble, le GUC) au coach avec un petit discours, ils l’ont encadré à côté du maillot des blacks ! Tu te rends compte ! Pour un français, avoir son maillot dans un club néo-zélandais c’est un « life achievement », un accomplissement ! C’était beaucoup d’émotions pour moi. C’était une preuve de leur gentillesse, de leur accueil, j’étais devenu un membre de leur communauté.

Si tu viens en Nouvelle Zélande c’est dommage de rester dans l’entre soit, de rester avec des gens de ta propre culture. Le rugby ici c’est une religion. Il y avait une ferveur à coté, beaucoup de bénévoles, un coté communauté super sympa. Moi, « frenchie », j’étais le coté exotique. C’était pas mal maori, ça m’a mis en contact avec cette culture, que j’ai senti très inclusive et chaleureuse.

D’ailleurs dernière petite anecdote : pour le 1er match on s’était peu entrainé avant. Mais plutôt vite fait, je ne savais pas vraiment dans quoi je mettais les pieds. J’arrive dans le vestiaire, et là je vois 3 maoris hypers costauds, plus grand moi, je n’étais pas serein ! (rires) Ouf ils étaient dans mon camp !

L’équipe de rugby de Mangakahia

Parlais tu anglais en arrivant en Nouvelle Zélande ?

Dans mon travail à l’office, un tiers des personnes que je recevais étaient anglophone, donc j’avais une pratique de l’anglais plutôt quotidienne. Par conséquent je pensais que j’avais un niveau correct en anglais. Une pensée assez remise en cause à mon arrivée en Nouvelle Zélande ! Car dans mon métier j’utilisais finalement toujours le même vocabulaire, et je ne pratiquais pas avec des anglophones natifs. N’empêche que j’avais quand même une bonne base sur laquelle m’appuyer. Le rugby m’a finalement aussi aidé à progresser en anglais.

Tu n’étais donc pas effrayé par la fameuse « barrière de la langue » ?

Les langues ne m’ont jamais trop fait peur, je les vois comme une richesse et j’ai conscience que quoique tu fasses on se foutra de toi. J’ai l’habitude de me moquer de moi-même ! J’ai vécu avec des gens de différentes langues, j’ai vu que c’était des difficultés d’apprentissage mais surtout une belle richesse, la porte d’entrée sur la découverte d’une culture à l’étranger, donc j’étais prêt à « payer le prix » de me faire bâcher etc.

Ton anglais a-t-il progressé ?

Carrément. C’est beaucoup mieux dans la compréhension et le vocabulaire. J’ai encore du boulot sur l’accent, mais c’est mieux aussi. J’ai progressé mais il y a encore beaucoup de travail. Je suis content du chemin parcouru. J’ai remarqué que la confiance joue tellement sur la langue ! Avec des proches, ou des gens de confiance, autour d’une bière, tout va bien. L’heure d’après dans un environnement moins serein, tu vas stresser, buter beaucoup plus sur les mots, et tout mélanger. Je pense que quand je suis partie j’avais certes un niveau d’anglais mais je n’aurais pas eu suffisamment confiance en moi pour prendre un boulot totalement anglophone. Maintenant je m’en sens capable !

En parlant boulot, quel type de job as-tu fais en Nouvelle Zélande ?

Ou la j’en ai fait pleins ! J’ai fait les « picking » (cueillettes) de framboises, kiwis, et cerises, ainsi que la taille des kiwis et framboisiers. J’ai aussi fait les vendanges, et les tailles de vignes. J’y bosse actuellement, à Cromwell, et en parallèle je suis barman dans un restaurant. En « hospitality »  (= tourisme, restauration) j’ai également fait aide de cuisine et plongeur, et le ménage dans un hôtel. J’ai aussi tenté la construction, j’ai tenu 2 jours ! (rires) C’était pas trop mal payé mais ils te font porter des plaques de contreplaqué toute la journée…

Quelle expérience as-tu préféré ?

Le picking des cerises car jetais avec mes potes, même si j’ai failli me faire virer plusieurs fois (rires). Tu ramasses à la « bucket » (seau), tu dois en faire 14 dans la journée pour être rentable, si tu en fais plus c’est pour toi. Parfois j’étais dans le viseur parce que les cerises ramassées n’étaient pas toujours de bonne qualité. Un jour, pile quand ils viennent me voir pour vérifier, j’ai une branche dans la bucket…. Autant te dire que je me suis fait engueulé (rires). Le lendemain, ils ont vérifié chacun de mes buckets en étant très regardant sur la qualité des fruits. Et comme le souci c’est que plus tu fais des beaux fruits moins tu es productif, c’est plus difficile d’atteindre les 14 buckets… Je me suis challengé et je suis arrivée pile dans la limite. Pari réussi. On a bien rigolé avec les copains pendant toute la saison, la région de Cromwell est sympa à faire, puis c’était roadtrip ensuite. Travailler au bar et l’hospitality en général j’aime bien aussi, car il y a côté social qui est sympa. En plus ça valorise notre petit côté français qui pass pour exotique.

Coté roadtrip maintenant, quel est ton lieu préféré en Nouvelle Zélande ?

Le Aoraki / Mont Cook ! Tu roules, c’est tout plat et bim d’un coup les montagnes ! Tu t’en prend plein les yeux ! C’est assez reculé, il y a un petit village avec montagnes et lacs, c’est magistral ! Un endroit vraiment magnifique où tu passes de plat à super haut. Tu peux te poser dans le paysage et y rester des heures, j’adore. J’aime beaucoup la région du Fiordland aussi. Globalement le coté très montagne de la Nouvelle Zélande.

Tu nous a parlé de tes magnifiques moments au club de rubgy, as-tu d’autres bons souvenirs ou belles rencontres en Nouvelle Zélande ?

A Whangarei, dans le Northland, je vivais chez une famille kiwi avec 3 enfants, tous super ouverts. C’est génial pour découvrir le quotidien, et les enfants niveau anglais ils ne prennent pas de pincettes, super pour pratiquer. Ensuite j’ai refait des roadtrips, vraiment supers.

A lire aussi : tous mes conseils pour un itinéraire de roadtrip dans le Northland

Roadtrip dans le Northland – Nouvelle Zélande

Un autre bon souvenir : j’ai fait un semi marathon avec une copine. Bon j’ai fini avec les genoux bloqués, même une grand-mère m’était passé devant ! (rires) Mais c’est un très bon souvenir ! Voilà la vidéo :

Le Northland m’a fait rencontré pas mal de monde, que j’ai recroisé un peu dans les différentes parties de ma vie en Nouvelle Zélande, notamment mes potes Jonas et Marius, deux allemands. Mes « supers bros » ! Probablement mes plus belles rencontres. En Nouvelle Zélande tu es loin de ta famille, donc ça rend les amitiés plus intenses et plus fortes.

Avec eux j’ai fait un de mes premiers treks de plusieurs jours en Nouvelle Zélande : le « Te Paki Coastal Track » dans le Northland, super souvenirs. Ce genre d’expérience te permet de connaitre les gens avec qui tu es, c’est une bonne révélation sur le mental de chacun (marcher, dormir en tente ensemble…). Plus tard on s’est retrouvé, on a remis ça sur d’autres aventures. Toujours un bon esprit d’équipe, ça fonctionne bien ensemble. Ça m’a donné envie d’en refaire. Dans l’Ile du Sud on a ainsi fait Kepler Track, Stewart Island, Route Burn… J’ai fait quelques randonnées seul, mais celles que j’ai le plus apprécié c’était toujours en équipe.

Comment appréhendes-tu la solitude justement ?

Je n’ai jamais eu trop de problèmes avec, j’aime bien être seul. Mais en poussant le curseur là-dessus, je me suis quand même rendu compte que j’avais pas mal besoin de contacts sociaux. Que partout où j’allais j’avais besoin de créer des cercles « familiaux », c’est à dire des gens sur qui je pouvais compter. Même si j’aime la solitude, finalement je suis vraiment heureux quand je partage des trucs ! Je pensais être un loup solitaire, mais en fait non, j’apprécie d’être avec des gens intéressants, avec qui je me marre, et dans le même état d’esprit. Comme dit le fameux proverbe « Tout seul on va plus vite, à plusieurs on va plus loin. » !

As-tu vécu des galères pendant ton PVT Nouvelle Zélande ?

Pour moi le moment difficile ça a été juste avant le 1er confinement, quand je ne savais pas du tout quoi faire. Ce sont mes potes qui m’ont conseillé. Prendre conseil auprès de gens qui vivent un peu la même chose que toi, c’est ça la solution. Se serrer les coudes entre backpackers. Et accepter qu’on puisse avoir besoin d’aide.

Un conseil à donner à ceux qui souhaiteraient tenter l’expérience de la vie de backpacker ?

Ne pas se donner d’excuses et se lancer. Prendre les problèmes un par un, les uns après les autres. Planifier plus que moi ! Mais le meilleur conseil que je pourrais donner c’est de rester curieux, continuer à s’émerveiller, avoir envie de découvrir. Que ce soient les endroits, les rencontres… Être curieux, ouvert, et surtout pas dans la critique.

Je pense également que ça aide d’instaurer autour de soi des cercles de confiance. Ne pas rester avec des gens qui ne nous conviennent pas. Et puis tenter des choses… Bref être « open » quoi !

Tu vois avant la crise covid je voyais beaucoup de français fêtards, toujours entre eux à parler français. Ou bien qui restaient 6 mois à Auckland et finalement vivaient exactement comme chez eux en France. Je trouve que c’est dommage.

Quels étaient tes objectifs en arrivant ? Sont-ils atteints ?

Pour moi c’était de parler mieux anglais, faire des choses créatives autour de la vidéo. Et bien sur découvrir le rugby en Nouvelle Zélande. Plus globalement de tenter des choses, de faire des trucs que je faisais en France, mais dans une autre langue, auprès d’une autre culture.

Oui ceux-là je les ai atteints. La seule chose que j’aurais aimé faire en plus c’est de bosser dans ma branche, le tourisme d’aventure, mais je ne me suis pas trop impliqué pour ça. Ce n’est pas grave !

Tout cela ma permis de me rendre compte que dans le futur j’aimerais encadrer des sports montagnes, ou bien me professionnaliser autour de la photo / vidéo. La Nouvelle Zélande m’a montré que tout était possible, qu’on peut partir de rien et atteindre ses objectifs. Que l’on est capable de faire plein de choses, il faut juste se lancer !

Arrowtown
Arrowtown

Je t’ai connu grâce à tes vidéos justement, peux-tu nous en dire plus ?

J’ai toujours aimé la vidéo, j’en faisais un peu en France pour le travail, proposé en sous-main, pas officiel. C’est un domaine que j’explorais. J’avais commencé une chaine Youtube en France pour mes randonnées. Je ne voulais pas un blog car je savais que je me lasserais. La vidéo me semble plus vivant, plus facile à suivre. L’idée c’est de faire un carnet de route en vidéo, continuer à me challenger dans ce domaine, progresser, ne pas donner de limites à mon imagination, continuer à apprendre. Quand je suis face à un problème technique, je cherche des solutions, j’apprends encore.

J’ai fait une vingtaine de vidéo sur la Nouvelle Zélande, de plus en plus longues. Elles ont beaucoup évoluées, j’essaye de raconter une histoire, de rendre ça sympa pour les gens qui les regardent.

Quel serait ton projet à terme ?

Je ne me vois pas comme youtuber. J’aimerais plutôt travailler sur des projets dans ma branche ; le tourisme. Comme reporter de territoire, créateur de contenu en freelance, faire des montages vidéo… pour des structures qui n’ont pas forcément les possibilités de le faire elle-même.

Et là tout de suite, où en es-tu ?

J’essaie de mettre de l’argent de côté, pour pouvoir rebouger, recréer d’autres projets. Tout de suite c’est donc moins fun car je me force un peu à rester sur place pour économiser. Je suis dans un moment de creu où je m’éclate un peu moins.

J’ai l’idée de rentrer en France, peut être début d’année prochaine. Ou aller en Australie avec mes potes ? Je ne sais pas (rires). Mais je pense repasser en France avant de repartir sur un autre projet, qu’il soit de voyage ou professionnel !

Et bien Loïs je te souhaite le meilleur et te remercie pour ce beau témoignage !

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