Lever de soleil au Mount Hikurangi, une randonnée originale en Nouvelle-Zélande
La randonnée du Mount Hikurangi est peu connue des voyageurs en Nouvelle Zélande. Pourtant cette randonnée très symbolique, que m’a fait découvrir un backpackeur allemand, vaut vraiment le détour. Les guides touristiques vous diront tous que le premier lever de soleil de Nouvelle Zélande, et donc quasiment du monde, est visible depuis le phare d’East Cape, le point le plus à l’Est du pays. C’est faux ! Car peu de gens savent que le tout premier lieu à voir le soleil se lever est en réalité le sommet du Mont Hikurangi, car il est situé plus haut avec ses 1752 mètres d’altitude. Les maoris le sachant bien en ont fait un lieu sacré. Il ne m’en a pas fallu plus pour me pousser sur le chemin de ce mystérieux sommet. Qui cache finalement bien plus de surprises que prévues…
Sommaire
Préparatifs pour la randonnée du Mount Hikurangi
Informations techniques sur la randonnée du Mount Hikurangi
- Il y a 10,5 kilomètres avec 995m de dénivelé positif pour arriver jusqu’à Hikurangi hut. Il faut ensuite prévoir 3km avec 500m+ jusqu’au sommet. Soit environ 3h30 pour atteindre le refuge et 2h ensuite jusqu’au sommet.
- Ce n’est pas une boucle, il faut donc prévoir de faire l’exact chemin inverse pour redescendre !
- A faire en 2 jours avec une nuit en hut, surtout si tu veux voir le lever de soleil. Mais si tu aimes faire 27kms aller-retour avec 3000m de dénivelé cumulé en une journée libre à toi !
- Voici la carte topographique de Hikurangi Maunga track
- C’est une randonnée pour randonneurs expérimentés car il s’agit d’un sentier non entretenu depuis 2020, en milieu alpin, dont la partie entre le refuge et sommet est particulièrement technique et non balisé sur la fin
- Ce sentier de randonnée passant par une propriété privée, il est obligatoirement demandé de contacter les gestionnaires avant ta sortie à info@maungahikurangi.com. Ils se feront un plaisir de t’envoyer la fiche de ce sentier avec toutes les informations pratiques actualisées !
- Comme pour toute sortie en milieu alpin, vérifie bien la météo ! Cette randonnée est à faire par temps clair. Elle est particulièrement dangereuse en cas de pluie, brume, vent, etc.
- Il n’y a aucun réseau téléphonique ou internet sur ce sentier
- Pour accéder au point de départ de cette randonnée il faut suivre Tapuaeroa Road sur 18 km jusqu’à atteindre le pont de Pakihiroa et y garer sa voiture
Informations pratiques concernant Hikurangi hut
- Refuge rustique de 8 places non gardé ni entretenu. Quand j’ai fait cette randonnée en juillet 2021 cette hut était en mauvais état et je ne sais pas si elle a été restaurée depuis.
- Poêle à bois sur place, mais aucun matériel de cuisine
- Lits superposés dans la pièce principale, matelas fournis mais pas d’oreiller ni couverture
- Toilettes sèches à l’extérieur, n’oublie pas de ramener ton papier toilette !
- 15$ par nuit et par personne, réservation requise (info@maungahikurangi.com)
Je ne me rappelle pas s’il y a un robinet d’eau sur place… A vérifier !
Fermetures annuelles d’Hikurangi Maunga Track
Attention s’il peut être tentant d’effectuer la randonnée du Mount Hikurangi pour le jour de l’An, et ainsi voir le premier lever de soleil du monde… Le sentier est fermé du 31 décembre au 1er janvier, pour un événement culturel maori. Car ce lieu est sacré, de part sa symbolique ! Promis il reste magnifique tout le reste de l’année, et avoir accès a ce lieu de culte est déjà un privilège. A noter que ce sentier est également fermé en octobre pour les agnelages.
Vous retrouverez toutes ces informations, et plus encore dans la fiche technique de la randonnée du Mount Hikurangi par le DOC (en anglais)
Alternative possible à cette randonnée : découvrir Hikurangi en 4×4
L’iwi (tribu maorie) gestionnaire du site propose également des tours guidés en 4×4 jusqu’aux statues à la haute saison. Elle t’emmène au lever du soleil (260$) ou en journée (220$) en te racontant les légendes maories. Monter une montagne en 4×4 a un impact écologique non négligeable… Et ne vaudra pas la beauté et l’authenticité d’une randonnée à pieds et d’une nuit dans un refuge. Pour ma part je ne regrette pas mon choix.
Néanmoins cette alternative est à connaître si tu n’as pas la possibilité d’effectuer un tel effort physique, et elle a le mérite de soutenir économiquement l’iwi locale. En échange celle-ci te partage (en anglais) sa culture, ce que tu n’auras pas à pieds car il n’y a aucun panneau sur place.
A noter qu’il n’est pas possible de monter avec son propre véhicule. Que tu choisisses l’option à pied en autonomie, ou en 4×4 guidé, il te faudra dans tous les cas les contacter pour leur demander l’autorisation de passage : info@maungahikurangi.com
Carnet de bord de ma randonnée au Mount Hikurangi
Top départ sur le sentier du Mount Hikurangi
Après avoir garé mon van sur le parking, j’entame cette randonnée avec mes deux compagnons du jour : deux backpackers, un français et un allemand, rencontrés un peu plus tôt pendant mon voyage. Moins expérimentée et équipée qu’eux, je décide tout de même de les suivre sur cette randonnée que je n’ai pas envie de manquer.
On démarre notre marche sur une piste qui nous amène rapidement à une ferme. Là on se trompe de chemin… Il n’y a aucune indication ni personne sur place… On finit par faire demi tour avant de réussir à trouver la bonne route. On traverse des enclos, prenant soin de renfermer derrière nous la barrière. S’en suit alors une longue montée de plusieurs heures sur une route de terre…
Quelques heures de montée
Les paysages sont magnifiques et les couleurs incroyables. On ne voit pas le sommet du Mount Hikurangi, qui est dans la brume. Néanmoins plus bas la vue est encore assez dégagée, je ne peux m’empêcher de prendre quelques photos. Cette crête en contrebat est particulièrement jolie. Comme toujours en Nouvelle-Zélande je suis sidérée par les contrastes de couleurs !
Les garçons marchant plus vite que moi, et culpabilisant de les ralentir, je finis par leur proposer de ne pas m’attendre. Ils prennent alors de l’avance et on convient de se rejoindre plus loin. Je continue ma montée seule. Cela me semble un peu long car la route est monotone. Je finis par tomber nez à nez avec des moutons, me surplombant sur ma gauche.
Soudain j’arrive à une intersection. Je sais que le sentier pour aller à Hikurangi hut est tout droit face à moi. On apperçoit la cabane blanche depuis un moment sur le flanc du Mount Hikurangi dont le sommet est toujours dans les nuages. L’autre chemin semble monter une petite colline sur la gauche, je décide d’aller voir, pensant y trouver une belle vue… J’y fais une rencontre improbable !
Rencontre avec les sculptures maories géantes
Je me retrouve par hasard face à neuf sculptures de bois géantes. Elles sont particulièrement impressionnantes avec leurs plusieurs mètres de haut et pour certaines leurs visages peu bienveillants. Je comprends qu’il s’agit de sculptures maories mais je n’en ai jamais vue de telles. Elles semblent récentes. Face à leur taille démesurée, et l’originalité de ces sculptures, difficile de ne pas être touchée. Elles imposent d’elles même le respect. Je suis très impressionnée.
Tu l’as compris le Mount Hikurangi est sacré pour les maoris. Mais sais-tu réellement pourquoi ? Lors de la création d’Aotearoa (le nom maori de la Nouvelle Zélande) par le dieu Māui, le premier lieu terrestre à émerger aurait été le Mount Hikurangi. En effet dans la légende l’Ile du Nord était un poisson géant, péché par le dieu. Le waka (canoé) de Māui reposerait désormais dans un lac sur le sommet du Mount Hikurangi.
Ces croyances font du Mount Hikurangi un lieu particulièrement important pour les iwi (tribus maories) locales. Pour célébrer le passage à l’an 2000, elles ont fait ériger neuf sculptures géantes de bois sur la montagne, faisant référence à cette légende. L’une d’elles représente le dieu Māui, au centre. Les autres des membres de sa famille ou des symboles de cette histoire. Ces sculptures hommages à l’art maori sont uniques au monde.
Mais tout cela je ne l’ai appris que bien plus tard. Je suis restée un long moment là, seule, à essayer de comprendre leur signification. Face à ces géants je me suis sentie petite, mais aussi très reconnaissante d’être là, d’un coup pleine d’énergie.
Où bien était-ce l’énergie du lieu que j’ai ressenti ?
Arrivée à Hikurangi hut
C’est un peu reboostée que je laisse ces géants maoris pour poursuivre mon chemin jusqu’à la hut. Enfin chemin c’est un grand mot, car il n’y en a plus vraiment ! Il faut alors suivre les slopes (batons) dans une pente très raide. Cette montée fut particulièrement difficile pour moi…
J’arrive à la hut très fatiguée. Moi qui pensais m’être musclée grâce à ma saison de kiwi picking (cuillette de kiwis), il y a encore du boulot ! Mais le soleil me fait cadeau de quelques rayons et la vue est belle. Je suis contente d’avoir persévéré et d’être arrivée jusque là. Les garçons déjà sur place, ramènent du bois.
Quelle fut ma surprise en découvrant l’état de la hut, pas entretenue du tout depuis un moment ! Je ne pense même pas à la prendre en photo. Il y avait des trous dans une grosse partie de l’isolation. Un poêle, une table et des bancs en bois, des planches pour les lits superposés, des fils pour sécher le linge… Et c’est tout ! Il y a des tags partout sur les murs et les planches, traces des randonneurs passés par là. De tous les refuges que j’ai pu voir en Nouvelle-Zélande… Hikurangi hut est assurément et de loin celui dans le plus mauvais état !
Une nuit difficile et un demi lever de soleil
Mal préparée, je n’avais pas de duvet adapté… Alors que la température ressentie est de -9°C. J’apprendrais cette nuit là que c’est une grosse erreur, surtout en plein hiver, en plus d’être dangereux. Après un repas chaud avec mes deux compagnons de voyage (miam les bananes chocolat dans les braises !) j’ai passé une nuit horrible à cause du froid. Je me suis réveillée de nombreuses fois. Lors d’un aller retour aux toilettes dehors particulièrement glaciale, je suis tombée nez à nez avec un oppossum, qui visiblement n’a pas l’habitude de croiser des touristes. Ce n’est pas une bonne nouvelle d’en voir, car cette espèce introduite par les colons anglais détruit la flore néo-zélandaise.
Après cette rencontre nocturne, je retourne bien vite dans mon duvet, qui ne me protège absolument pas du froid. A 4h du matin, trop fatiguée et frigorifiée, je n’ai pas l’énergie de suivre les garçons jusqu’au sommet du Mount Hikurangi. Je sais que le chemin sera encore plus technique que la veille, dans le noir en plus, une fois n’est pas coutume je préfère renoncer.
Je reste couchée quelques heures de plus. Seule avec juste une frontale, cette cabane me parait d’un coup un peu flippante. Je lis quelques pages d’un livre de Pierre Rabhi qu’un des garçons m’a prêté. A 7h les premières lueurs du jour se font sentir, je me pose alors seule sur un rocher non loin de la hut, pour observer le lever de soleil… ou plutôt ce qu’on en devine puisque ce matin les nuages prennent toute la place. Pas de chance. Mais avec le chant des oiseaux cela reste un moment de contemplation hors du temps, comme celui que j’aurais 6 mois plus tard à Blue Lake. Je remercie la vie pour m’offrir des moments aussi magiques.
Déjà l’heure de la redescente
Après ce beau moment seule avec moi même, les garçons me rejoignent pour un petit déjeuner collectif bien mérité. Ils me partagent leurs photos du sommet… dans la brume !
C’est beau mais je ne regrette pas de m’être écoutée. C’est important en randonnée. Tout était gelé, le chemin n’est plus balisé sur la fin et très raide. J’aurais été en difficulté. Ce morceau est à réserver aux randonneurs expérimentés et à ce moment là je n’en fais pas encore partie. On a ensuite emballé nos affaires, puis on est redescendu. Beaucoup plus facile et rapide dans ce sens là ! On était tous les trois heureux de cette belle randonnée, que je ne suis pas prête d’oublier !
Merci Hikurangi !
En conclusion pour randonner au Mount Hikurangi en Nouvelle-Zélande
Cette randonnée est à faire de par ses paysages et sa symbolique : le premier lever de soleil. Mais surtout parce que ses statues maories en bois sont pour moi un incontournable d’un voyage en Nouvelle-Zélande. Tu ne verras ça nulle part ailleurs. Néanmoins si cette randonnée t’intéresse ne fais pas la même erreur que moi : soigne ta préparation ! Prévois ton matériel en conséquence, surtout si tu décides de dormir au refuge : duvet adapté, eau, nourriture, vêtements thermiques, frontale, bonnes chaussures, etc. Renseigne toi auprès des DOC et contacte le gestionnaire du site. Programme impérativement ta sortie sur un créneau météo favorable. Et ensuite… profite !
Tu as déjà effectué cette randonnée ou elle te fait envie ? Tu as des questions dessus ? Ou tu as tout simplement aimé cet article ? Laisse moi un commentaire !